KARPOS ÉTÉ 2024

« Nous aimions nous retrouver chez quelqu'un ou simplement dans un bar pour discuter de nos rêves et de nos idées. Nos rêves étaient les voyages, les mille murs, parfois non escaladés, qu'un monde généreux pouvait encore nous offrir ; les déserts de neige, de sable ou de granit ; de nouveaux itinéraires, des traversées, des répétitions rapides — et après quelques bières, nous avons aussi parlé de vestes, de pantalons et de polaires.

Il y avait l'idée, voire la certitude (ou la présomption), de pouvoir grandir, mais souvent notre concentration sur le moment présent, ou sur les premiers grands obstacles, a obscurci la forme de l'avenir que nous souhaitions mais qui n'était certainement pas encore béton. Nous avons ainsi conçu les premières « expérimentations » – parfois réussies, parfois moins – en termes de produits, de marketing et de communication. Feuilleter les premiers catalogues nous fait désormais sourire, mais ces collections éparses traduisaient toute notre passion et notre engagement. Cependant, nous grandissions lentement. Les gens aimaient la marque, mais avec les nombreux défis, ce n'était pas facile. Puis de nouveaux compagnons de voyage nous ont rejoint et, du coup, l’ajout d’expertises de plus en plus pointues nous a permis d’en arriver là.

Il était difficile de croire que nous serions capables de rivaliser avec les légendes du secteur. Il était difficile d’imaginer s’implanter dans le monde du plein air à partir d’une petite ville au pied des Dolomites, ou convaincre les clients que Karpos pouvait être l’égal des géants américains ou allemands.

Nous sommes sur une corniche, en train d'organiser notre matériel, avec les cordes qui pendent dans le vide, une bonne partie de mur difficile déjà en dessous de nous. Parfois, nous nous arrêtions, soupçonnant que nous devions redescendre, mais ensuite, avec un équilibre prudent, nous avancions parmi de petites poches, avec des mouvements déterminés et avec peur. Au-dessus de nous, une mer de roches paradoxalement infinie, de stimulation et d’admiration, d’amour et de haine. Quelle impression le mur fait d’en bas ! Mais si nous regardons jusqu’où nous avons grimpé, nous voyons notre mur d’en haut. Deux points de vue différents. Deux sentiments contrastés. Le mur et l’ascension sont ainsi une métaphore de la vie et de chaque objectif. Dix ans : un petit rebord qui ne peut offrir une pause que comme l'occasion de faire le point, de réfléchir et de se réorganiser, mais pas de se reposer. Le dièdre au-dessus de nous est en surplomb, mais peut-être qu'au sommet il s'atténue un peu. Cherchons-nous quelque chose de facile ? Mais facile est ennuyeux.

Nous sommes sur notre nouveau parcours, impatients de progresser, et nous avons déjà conquis une section compliquée. Le chemin est encore long et semé d'embûches, mais avec la passion et le professionnalisme qui nous ont toujours distingués, nous continuerons notre chemin vers le sommet.